Sophie Delannoy : la première skippeuse transgenre !
Sophie Delannoy, première skippeuse transgenre, se prépare, en ce moment, en vue de sa participation à la Mini transat 2025 qui partira des Sables d’Olonne le dimanche 21 septembre. La Mini Transat est une course transatlantique en solitaire qui accueille des participants internationaux, reflétant sa philosophie d’ouverture et d’accessibilité au plus grand nombre.
Le défi : traverser l’Atlantique en solitaire sur un voilier de seulement 6,50 mètres.
- Aucun contact avec la terre, aucune assistance.
L’édition de la Mini transat 2025 verra :
- 90 personnes sélectionnées
- 75% de nouveaux skippers
- 30 skippeuses
- 22 ans le plus jeune marin
- 30 nationalités représentées
L’année 2025 est décidément une belle vague pour les femmes de la voile !
- La Mini transat accueille la première skippeuse transgenre avec Sophie Delannoy. Retour sur le Vendée Globe avec Justine Mettraux (la femme la plus rapide de cette course) et Violette Dorange (la plus jeune) :
- Lire l‘article
Rencontre avec une passionnée de la vie !

Qui est Sophie Delannoy ?
- Une femme transgenre de 57 ans, qui vit avec passion sa deuxième vie depuis 2018 !
- Je suis trois fois papa et grand-mère de trois petits enfants
- Une développeuse, et une défricheuse :
- – 30 ans de développement de centres commerciaux chez Auchan,
- – 13 ans juge au tribunal de commerce,
- – 2 ans directrice générale de la Fondation le Refuge,
- – …. et maintenant skippeuse en classe mini 6.50, officiellement qualifiée pour la mini transat 2025.
- Une femme engagée et reconnue : membre du bureau de l’Autre Cercle, présidente de club Rotary.
- Rôle modèle LGBT+ de l’Autre Cercle en 2019,
- Chevalière de l’ordre national du mérite en juin 2024. remise en mars 2025 par Frédéric Fougerat.

Transition : qu’est-ce que cela a représenté dans votre vie de réaliser celle-ci ?
Je suis devenue Sophie le 3 septembre 2018.
C’était une question de vie ou de mort . Le déni de ma nature profonde risquait de me coûter la vie.
Rien n’a été facile, tant socialement que professionnellement. Beaucoup de choses et de relations qui paraissaient évidentes et sûres se sont révélées franchement volatiles ! Après un long moment de flottement, la place libérée a été occupée par de nouvelles personnes, de nouveaux projets, de nouvelles ambitions.
Aujourd’hui, je ne regrette pas une seule seconde de cette nouvelle vie. Les revers m’ont révélé une force que je ne pensais pas avoir, et mon nouvel entourage s’est progressivement peuplé de personnes authentiques et courageuses.
Depuis ce jour, chaque matin j’ai la chance de me réveiller en étant Sophie, et cela vaut tout l’or du monde !
Est-ce qu’il y a eu un élément déclencheur pour ce grand projet de faire la Mini transat ?
Oui !
Une journée passée en baie de Quiberon sur le class 40 d’Antoine Carpentier avec des jeunes et des bénévoles de la Fondation du Refuge.
- Voir les sourires des jeunes, me sentir -de mon côté- très bien aussi, et découvrir la fantastique évolution des bateaux de courses depuis ma dernière régate en 1987.. J’ai toujours navigué mais plutôt en croisière. Tu pars quand tu veux et tu arrives quand tu peux !
En course, c’est un autre rythme. Tu pars un jour précis et tu es invitée à revenir le plus vite possible (rires … ) sinon gare à la fermeture de la ligne d’arrivée qui te disqualifie.
Que faut-il réaliser, en terme de performance de voile, pour accéder à la sélection de la Mini Transat ?
La sélection à la Mini transat fait primer les qualités de marin sur la performance. Si tu es à la première place mais que tu casses ton bateau à la course suivante parce que tu as trop tiré dessus, les miles de la course ne sont pas validés. Or c’est le total de miles parcourus en course qui détermine ta sélection. Que tu arrives première ou dernière (avant la fermeture de la ligne), tu valides le même nombre de miles. On peut bien sûr faire les courses du circuit mini en visant le championnat de la Fédération Française de Voile de course au large en solitaire, mais si tu vises la Mini transat ou la course des Açores, la régularité est la plus payante.
En plus des miles acquis en course, chaque « Ministe » doit faire la preuve de sa capacité à naviguer en solo sans ses petits camarades autour. C’est l’objectif de la qualification hors course : un circuit de 1000 miles sans escale sur un parcours imposé comprenant la bouée de Coningbeg en-dessous de Cork (Irlande) et un passage (redouté) sous le pont de l’Ile de Ré.
Sponsors : on imagine que pour réaliser cette grande course, il est nécessaire d’avoir des partenaires ? Comment s’est déroulé le premier accord avec la Société Legrand ?
La classe Mini fait très attention à ses règles de jauge pour rester accessible financièrement. Pour autant, l’ensemble des frais nécessaires mis bout à bout, finit par faire une enveloppe conséquente ! Je cherchais des partenaires engagés sur ces sujets de diversité et d’inclusion. Et de plus, qui verraient dans mon projet un moyen de rendre visible des valeurs dont ils ont éprouvé la pertinence dans leurs affaires. Legrand fait partie de ces entreprises ! Nous sommes tombés d’accord en janvier, une fois la qualification pour la transat validée.
Je suis très heureuse de pouvoir intervenir devant leurs équipes. Il parait que mon parcours inspire des tas de belles choses en terme d’échanges.

En l‘état actuel, j’ai bouclé un quart du financement, il reste encore de belles places sur les voiles !
Quelle est votre ambition sportive ou/et autre mission pour cette première Mini transat ?
Bien menée, ma petite Moana Iti (mon bateau) peut raisonnablement viser le milieu de la flotte. Surtout sur la première étape des Sables d’Olonne aux Canaries dont les vents de travers lui sont plus favorables. Sur la deuxième étape, les allures portantes sont le royaume des bateaux plus récents qui dévalent à deux ou trois nœuds de plus sous spi que moi. On verra bien !
Mon ambition est un peu ailleurs. Je souhaite que cette aventure donne de la fierté et de l’espoir à toutes les jeunes personnes transgenres. Et rêvons un peu : j’espère qu’un jour un skipper (f/h/nb) gagnera une grande course océanique en arborant fièrement un rainbow flag.

Soutien
🏳️🌈 QUEER AS YOU , une fondation privée, reconnue d’intérêt général, engagée pour l’inclusion et la diversité, permet, à titre individuel, de participer aux dons pour cette grande aventure de Sophie Delannoy :
En savoir plus ? ICI
Crédits photo : Emma Le Clech (photo de Une) – Léo Dubois (Décoration) – Jacques Le Gall (Bateau avec #Legrandmprovinglives) – Vincent Le Guern – Le Télégramme (avec drapeau arc-en-ciel)