Dans la cour de l’école se joue l’égalité femmes-hommes !

Chez AvenirDuSport, nous avons, depuis longtemps, la conviction que l’ouverture – des horizons à tous les enjeux sociaux, à toutes les diversités, aux différents métiers – est le moment où l’enfant rentre dans l’univers de l’école dite “maternelle”. Au sujet de ce mot dont la définition est “relatif à la mère”, interrogeons-nous. En quoi cette période scolaire est relative à la mère de façon spécifique ? Aucune raison n’explique cet adjectif de “maternelle”. De façon plus pertinente et plus adaptée, le qualificatif de ce temps d’école pourrait être le mot enfantine ou parentèle. Cette portion d’âge -3-6 ans- représente une chance pour l’apprentissage des différences entre les humains (âge, genre, origine, taille, poids, handicap…) ainsi que la découverte des facettes et des attraits des multiples métiers, sports, loisirs à découvrir. 

. 92 % de personnes perçoivent des inégalités entre les femmes et les hommes au quotidien (a)

. 86 % des femmes affirment avoir déjà vécu une situation sexiste. (a)

. 94% de femmes de 15 à 24 ans estiment qu’il est plus difficile d’être une femme en 2025, soit 14 points de plus qu’en 2023. 

. 67% des hommes de 15-24 ans le pensent aussi (+8%). 

. 70% des femmes estiment avoir été traitées différemment de leurs frères au sein de la famille (b)

. 38% ont vécu une inégalité de traitement à l’école (b)

Depuis plusieurs décennies, de nombreuses études, des expériences renouvelées se rejoignent et le montrent : l’égalité entre les femmes et les hommes, dès l’enfance, se joue … dans la cour de l’école et dans les espaces publics. 

Le premier lieu majeur de socialisation de l’enfant est l’école et c’est souvent à partir de trois-quatre ans qu’il franchit la porte de celle-ci.

Les observations et recherches s’articulent notamment sur la présence, l’évolution, le déplacement, le comportement individuel et collectif des enfants de l’école primaire (tranche environ 8-11 ans) pendant les temps de pause. 

Celle-ci se décline en pluriel notamment : maternelle, primaire – collège, lycée… et la définition est ouverte et non genrée dans le document du Ministère de l’Education Nationale: Les cours de récréation permettent aux enfants de se dépenser, se socialiser, se détendre ou se reposer en plein air.”

A noter que la notion “cour de récréation inclusive” fait l’objet d’un encart dédié. 

Le premier usage indiqué dans la “fiche Espace” : 

“ Jeux physiques : courir, sauter, jouer avec un ballon… Ces activités font partie du quotidien des élèves.”

Les études, les expérimentations, leurs travaux dans le temps portent notamment sur le comportement des enfants, dans la cour de l’école, que ce soit par Edith Maruéjouls, géographe du genre et Nicole Abar, consultante et ancienne internationale de football qui a porté 15 fois le maillot bleu.

Garçons et filles : cour de l'école
Garçons et filles : cour de l’école

Edith Maruéjouls (1) “C’est une branche de la géographie qui est la géographie sociale qui s’intéresse aux interactions humaines dans un espace social. Et le volet du genre est la question des relations filles x garçons et femmes x hommes dans des espaces sous l’angle de l’inégale valeur, de la construction des stéréotypes et du sexisme. La cour de récréation, ce micro espace public de l’enfance, est un lieu d’études qui vise à comprendre comment s’organise ou est faussée la relation filles x garçons dans un espace à jouer … ?

Je fais des missions de quatre à six mois dans les écoles avec les équipes. On pose des diagnostics avec les outils de la géographie (plans, auto-observer…) et on fait des expérimentations. Par exemple, travailler sur l’espace de jeu collectif pour qu’il soit partagé et décider à quoi on y joue ? 

Il faut regarder à quoi s’intéressent les filles et de quoi elles ont besoin pour structurer l’espace afin de les inclure. J’entends trop souvent : “Les petits jeux de filles”. C’est un jugement de valeur. Quand un adulte n’accompagne pas une activité, vous ne la rendez pas légitime pour les autres. » 

“Elles changent par capillarité. Cette question d’humanité est immédiatement perceptible par les enfants. Il s’agit juste de détruire la norme. Au quotidien, il y a très peu de résistance avec les personnes avec lesquelles je travaille.”

On s’attendrait à parler de la lune, des satellites ou de l’univers lorsque Nicole Abar réalise ce documentaire !  A travers les observations des jeux réalisés par des filles et des garçons dans la cour de l’école, ou sur des terrains de sport, il est fait un intéressant parallèle entre les non-acquis lors des activités sportives et les impacts possibles sur la trajectoire personnelle. 

C’est en 2002, pendant une année, que Nicole Abar, avec son association Liberté Aux Joueuses, commence son travail auprès de différentes classes primaires du Groupe scolaire de Bagneux. Avec Soraya Belkadi, elles ont animé des ateliers toujours mixtes pour modifier ce qui était observé sur l’occupation des espaces, l’engagement, la motricité des filles et des garçons lors des activités physiques. 

Les bébés apprennent à marcher de façon équivalente. Lors de l’école enfantine, jouer au football est difficile pour les deux genres. Ensuite, en primaire, plus on avance dans l’âge plus les différences s’accentuent et les filles sont en plus grande difficulté.  Au fil de cette seule année, des évolutions ont été notées et les filles étaient ravies. Malheureusement, l’expérience n’a pas été prolongée.

En 2022, Nicole Abar repart dans les écoles et c’est le choc, à travers des jeux, les stéréotypes sont toujours aussi forts et ancrés chez les enfants. Les assignations, les injonctions, les limites touchent tous les enfants mais de fait les petites filles sont plus pénalisées toute leur vie.  “En fait on est toujours en train de rattraper quelque chose. Je ne voudrais pas qu’on rattrape mais qu’on investisse dès le départ. Si la confiance en soi est altérée, elle ne se reconstruit pas” indique Nicole Abar.

Une institutrice évoque l’importance d’acquérir une certaine motricité pendant le temps de l’école primaire : “Quand on parle de regard, beaucoup de femmes ne regardent pas à trois mètres, elles regardent leurs pieds. Bombez le torse, regardez à trois-quatre mètres pour savoir où vous allez…”  

Les politiques publiques et les actions citoyennes (les associations …) peuvent favoriser la mixité de l’espace public en faisant des choix urbains qui répondent à l’impératif d’égalité entre les garçons et les filles Et les femmes et les hommes pour une ville plus agréable. L’enjeu est de « faire la ville ensemble », une ville respectueuse des femmes et des hommes. Une ville ouverte qui, parce qu’elle aura su tenir compte des attentes et des aspirations des femmes, deviendra plus attractive, plus égalitaire, plus accessible et facile à vivre pour toutes et tous.

Assemblée Nationale - marches aux couleurs de la Pride
Assemblée Nationale – marches aux couleurs de la Pride

Pour répondre à cela, la Ville de Paris (3) a mis en place des guides et des référentiels articulés sur en quelques points majeurs : 

Ressources et sources

. Genre et espace public (3)

. Edith Maruéjouls : géographe du genre (1)

. La conquête de l’espace : Nicole Abar (2 : à regarder)

. Ministère de l’Education Nationale : les cours de récréation (bâti scolaire)

. L’arrêt des ABC de l’égalité (2014)

b) Haut Conseil à l’égalité 

a) Vie Publique – Etat