Femmes ? La preuve par 2 … X ?
Le secteur du sport dirigé essentiellement par des hommes dans le monde entier notamment à la tête des instances internationales. Celles-ci décident de tous les règlements sur l’ensemble des disciplines individuelles et/ou collectives que ce soit pour les épreuves masculines, mixtes, féminines. La plupart des décisions visant à contrôler la féminité du corps des femmes s’appuie sur une grande méconnaissance biologique, physique pour vouloir prouver que les sportives « sont de vraies femmes » . Et on peut se demander ce que sont « les vraies femmes » ?
En 2018, AvenirDuSport avait déjà noté qu’à l’approche de l’organisation de la Coupe du Monde « féminine » de football en France en 2019, la FIFA voulait continuer les » tests de féminité « . Avant d’y renoncer. En effet, cela avait fait un vrai scandale en 2015 dans la précédente édition qui avait eu lieu au Canada.
Notre article sur ce sujet : le corps des femmes sous contrôle ?

Le bikini : d’abord « contre » puis « pour » ? Un exemple du contrôle récurrent du corps des femmes.
Dans la société en général, les contradictions, par exemple, sur le port du bikini, tenue de bain créée en 1946, ont défrayé la chronique. Tout d’abord, il est à rappeler que la police américaine vers 1900 faisait la chasse aux maillots trop courts. Le bikini amenait sa part de scandale puisqu’on pouvait voir … le nombril des femmes.
Un siècle plus tard, le port du bikini devenu obligatoire dans certains sports : (Beach Handball, Beach-volley …) est réfuté par les athlètes qui préfèrent utiliser le short. En effet, c’est une tenue mieux adaptée pour pratiquer le sport – notamment de haut-niveau- et notamment en période de menstruation. Les Norvégiennes (beach handball) sont sanctionnées financièrement- en 2021- pour oser porter un short alors que le bikini était obligatoire. (3).

L’histoire du bikini par : France 2 – 20h30
Les Françaises de la Boxe non-qualifiées en Coupe du Monde pour des tests de féminité arrivés en retard !
Le World Boxing (fédération internationale de Boxe) a refusé la participation des boxeuses françaises aux Mondiaux de boxe 2025 en l’absence de « tests de féminité ». Ils ont pourtant été réalisés en Angleterre (interdits en France) mais sont arrivés trop tard au siège de l’organisation. Cette affaire s’inscrit dans la même tonalité que la Fédération internationale d’athlétisme qui, à nouveau, rend ces tests obligatoires depuis le 1er septembre. 2025.
Que sont les tests de féminité … et leur évolution ?
La loi de bioéthique, en France depuis 1994, pose de grands principes quant à la réalisation des examens des caractéristiques génétiques des personnes. L »examen génétique ne peut être réalisé qu’à des fins médicales, judiciaires ou de recherche scientifique. Ceci uniquement dans des laboratoires autorisés. Autant dire que le sport est exclu du champ des autorisations de tests. Le Ministère des Sports et le Comité National Olympique Sportif Français rappellent régulièrement l’interdiction légale de ces tests. En conséquence, les athlètes françaises doivent se rendre à l’étranger pour réaliser ceux-ci exigés par certaines instances internationales (athlétisme, boxe …) et pour pouvoir participer aux épreuves.. En 1966, l’instance mondiale d’athlétisme avait instauré des contrôles du sexe des femmes par un test anatomique et gynécologique.
L’analyse d’Anaïs Bohuon
Anaïs Bohuon, socio-historienne publie des articles, ouvrages scientifiques sur le corps, le sport, le genre, travaille depuis 2012 (1) sur ces tests. Elle constate, dans l’histoire du sport, que ce sujet revient systématiquement dans les médias lorsqu’une athlète « sort des critères normatifs de la féminité occidentale« . Officiellement, les tests n’existent plus, depuis les Jeux Olympiques de Sydney en 2000. Officieusement, on les dégaine encore de temps en temps de manière détournée, quand il y a un doute…
Un doute sur quoi ? S’il est légitime de vérifier que tous les athlètes soient à armes égales, jusqu’où faut-il aller ? Ces tests évaluent ou ont évalué des critères biologiques qui « dépassent les différences hommes-femmes ». Si une femme est née avec un taux de testostérone supérieur à la moyenne, doit-elle être privée de compétition ? Est-ce que les tests de féminité sont encore acceptables ? Sont-ils même fiables ? Comment ces tests permettent-ils de nous interroger aussi sur la notion de genre. Comment appréhender l’intersexuation dans le monde du sport ?
Par ailleurs, Anaïs Bohuon précise à juste titre : « Le constat est saisissant : nous parlons d’environ 180.000 personnes transgenres en France sur 68 millions d’habitants : « Je suis souvent extrêmement surprise par la panique morale que la participation des « femmes trans » génère. Cette obsession pour une minorité statistique cache un danger plus vaste « Cette transmisogynie, elle risque un jour de rattraper, tout simplement, toutes les femmes cisgenres » alerte la sociologue. En quelques mois, ce qui se passe aux USA en matière des droits des femmes et des personnes LGBT+ est un grand feu orange/rouge à observer, à surveiller.
La nature et … la règlementation faite par les hommes contre/pour les femmes
On se souvient du cas de Caster Semenya, jeune athlète (800m) sud-africaine -en 2009- qui a remporté les championnats du monde d’athlétisme de Berlin avec une aisance et une facilité impressionnantes. Les instances dirigeantes médicales et sportives ont dit qu’elle présentait de l‘hyperandrogénie. Cela correspond à une présence excessive d’androgènes (hormones sexuelles masculines) circulant dans le sang chez une femme.
L’instance internationale d’athlétisme, en 2018, établit un règlement concernant l’hyperandrogénie qui impose aux sportives concernées par cet excès naturel d’hormones masculines de prendre des médicaments pour faire baisser le taux de testostérone. Elle fixe un seuil maximal de testostérone pour concourir avec les femmes sur des distances allant du 400 mètres au mile (1609 m), englobant donc le 800 m. Caster Semenya refuse de se soumettre à un traitement hormonal.
Cette grande championne a été suspendue, de fait, une année et plusieurs fois empêchée de concourir. Caster Semenya n’a pas triché et ne s’est pas dopée. C’est quand même incroyablement scandaleux qu’une instance oblige à des solutions médicamenteuses pour s’opposer et modifier un phénomène naturel ! (8)
En 2019, Caster Semenya attaque juridiquement l’entité mondiale. Les différents procès, appels trouveront un terme en … 2025 : un quart de siècle plus tard ! La Grande Chambre Européenne estime que les différentes instances légales n’ont pas examiné l’affaire avec un niveau de rigueur requis. Ceci en violant donc le droit de l’athlète à un procès équitable et a condamné le Tribunal Arbitral du Sport de Suisse à 80.000 euros d’amende en compensation. Le problème de fond reste entier et posé. La Grande Chambre s’est déclarée « incompétente sur la question de la discrimination » …
Femmes ? Prouvez-le ?
En sport, comme dans les autres secteurs,, plus les femmes gagnent du terrain et sur le terrain, plus elles doivent se justifier. C’est ainsi que Nathalie Ianetta, Directrice des Sports de Radio-France, au cours de son édito du vendredi 5 septembre, s’exprime. Elle rappelle le contexte de cette nouvelle affaire des « tests de féminité » concernant les boxeuses françaises. Pour une fois, en Angleterre, cet événement présentait un plateau masculin et un plateau féminin. La chronique à écouter : ICI (7)
La Transidentité par le Ministère des Sports
Un document est publié par le Ministère en 2024 sur un état des lieux sur la Transidenté et le sport de haut-niveau tant au niveau de posture des fédérations sportives que sur le plan juridique. Avec un volet sur l’apport sur des sciences sociales. Un comité expert, (2) présidé par Sandra Forgues (ex-Wilfried Forgues – 3 fois champion du monde et champion olympique de canoë-kayak en 1996 à Atlanta) et Jean-François Toussaint.
. Le rapport complet : Transidentité en 2024
Les échecs en France vers … la victoire ou l’exclusion ?
Yosha Iglesias, 37 ans, sourit enfin. Son récent sacre dans le tournoi féminin des championnats de France d’échecs, où elle a battu Mitra Hejazipour en finale, est venu sublimer un peu plus une existence qui a fini par prendre sens avec sa transition. Un règlement inclusif a été mis en place par la Fédération française des échecs. D’autres joueuses ont pu en profiter. « Je suis évidemment très reconnaissante à tous les acteurs qui l’ont mis en place ». Du côté de la fédération internationale le président russe Arkadi Dvorkovitch, à l’image des décisions d’exclusion prises pour les personnes LGBT+ dans son pays, a mis au ban de la fédération les personnes trans. Ce règlement devrait être revu en 2026, Yohsa Iglesias se déclare pessimiste vu la tendance mondiale sur ces sujets. (4)
Voile : la Mini-transat inclusive
Le dimanche 21 septembre 2025, Sophie Delannoy est la première femme transgenre à prendre le départ de cette course. Elle n’a rencontré aucune difficulté dans son inscription et sa préparation. Notre interview : ICI

Et les hommes aux performances exceptionnelles ? Des tests ? Des compétitions spéciales ?
Le taux d’acide lactique inférieur chez Phelps et pas de mise en cause
Si on regarde du côté des compétitions masculines, bien entendu aucun règlement international réducteur n’a jamais été réglementé pour les hommes ! Pourtant, on peut s’intéresser par exemple à l’immense champion de natation Michaël Phelps (5). Onze médailles d’or olympiques à vie depuis Pékin. Du jamais vu. « On avait l’impression que c’était une compétition provinciale tellement les autres étaient loin derrière lui. Ils n’étaient même pas dans le champ de la caméra quand il a terminé sa course. ». Le physiologiste de l’équipe américaine, Genadijus Sokolovas, indique avoir étudié plus de 5000 nageurs depuis 20 ans. La plupart d’entre eux, à la fin d’une course, se retrouve avec un taux d’acide lactique de 10 à 15 millimoles par litre de sang. Le détenteur de record du monde a enregistré un chiffre de moins de 10. Michaël Phelps a montré un taux de 5,6 après avoir réédité la marque du 200 m papillon. Sur le plan physique, ses pieds (pointure 49-50) sont presque considérés et utilisés « comme des palmes ». Ces deux avantages (physiologique et physique) de qualités naturelles n’ont jamais valu la moindre suspicion. Ni contrôle particulier pour ce champion hors-normes.
Basket-Ball : étude sur la taille des joueurs en NBA
La taille joue un rôle essentiel dans le basket-ball, et la NBA, en tant que ligue de haut niveau, a toujours attiré des joueurs aux dimensions impressionnantes. La taille est d’environ 2 m en moyenne chez les hommes.. En Europe, c’est environ 1,98 m le chiffre moyen. Actuellement, le Français Victor Wembanyama – 2..24 m – évolue aux Spurs de San Antonio depuis 2023. C’est l’un des plus grands joueurs (taille) de la ligue américaine. Même si la tendance actuelle fait que les clubs recherchent aussi des qualités telles que la mobilité, la polyvalence, la rapidité : il est reconnu et évident que la taille est déterminante pour le recrutement des joueurs pour le fleuron de la NBA.
. La différence de taille –élément naturel- ne donne-t-elle pas un avantage considérable aux joueurs qui culminent à + de 2 m ? Est-elle considérée comme normale ? anormale ? Au nom de l’équité, de l’égalité ? est-il envisagé de scinder des compétitions par tranche de taille ? Non ? Quand on regarde la différence : + 24 cm, c’est quand même beaucoup puisqu’il est prouvé que c’est un élément déterminant ? Qu’en disent les instances internationales ? Rien.
Comment faire progresser ces différences d’appréciation, d’inclusion et les faire évoluer ? par la gouvernance du sport ?
Très peu, pas ? d’organisations aujourd’hui ont une vision commune, globale, ouverte qui apporte une vision d’actions communes aux filles et garçons (femmes/hommes dans toutes les diversités du genre humain) sur le présent, sur le futur proche et plus lointain. On en est toujours à évoquer le sport .et le sport féminin dans les fédérations et dans les médias, de fait, comme une sous-catégorie, une activité à part. Alors qu’il est question dans la vision que nous partageons de la place des femmes dans le sport, de toute leur place, partout et à tous les niveaux. Beaucoup de sensibilisations, de formations, de travail pour vaincre le sexisme et les stéréotypes qui sont très (trop) fortement ancrés dans la société. Et en particulier dans le sport. Béatrice Barbusse, sociologue et vice-présidente de la Fédération Française de Handball, s’exprime à la radio (12 septembre) notamment sur ces sujets et sur l’accès des femmes aux responsabilités sportives.. (9)
Nous continuons de penser que les évolutions se feront, de manière plus équitable, quand beaucoup plus de femmes seront à la tête des organisations. Qu’elles soient locales, nationales et internationales des instances du sport. En France, la Loi oblige à la parité des Comités exécutifs des instances fédérales. La parité est un pas certain. Ce n’est pas suffisant pour le pouvoir concentré souvent sur la « tête de l’exécutif ». Il est nécessaire, indispensable, vital que les femmes arrivent au poste-clé du pouvoir : la présidence. Celle-ci oriente et définit la politique, la stratégie, partagées avec le Comité exécutif des instances..
Est-ce qu’une piste de co-présidence mixte ne ferait pas évoluer plus vite l’état d’esprit, la vision générale ? La fédération française de lutte l’a fait (10) !
L’enjeu de prospective et d’évolution probablement est là.
(2) Entretien vidéo avec Sandra Forgues
(3) Article sur la sanction internationale contre la Norvège
(4) Menaces de mort, de viol pour Yosha Iglesias, personne trans championne de France des échecs
(5) Phénoménal, extraordinaire Michaël Phelps
(6) La taille des joueurs en NBA
(8) Le procès de l’hyperandrogénie dans le sport (TV5 Monde)